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Jeux sérieux en histoire-géo : un outil d’immersion pour les élèves

Les jeux sérieux numériques sont un outil pédagogique d’une valeur non négligeable aux yeux des professeurs d’histoire-géographie. Témoignage d’Olivier Quinet, enseignant.

Passionné par les jeux de rôle, ancien wargamer, Olivier Quinet a longtemps animé un club de jeux d’histoire. “J’avais acheté un certain nombre de jeux de plateaux, comme “Mystère à l’Abbaye”, ou “les Colons de Catane”, se souvient-il.

Aujourd’hui, professeur d’histoire-géographie au collège Jean Rostand, à Montpon-Menesterol, il est sans cesse à la recherche de jeux, faciles à utiliser, “pédagogiques et ayant un rapport avec l’histoire”, pour ses élèves.

Des aventures interactives

Avec ses 4ème et 3ème, il utilise des jeux sérieux en ligne. En histoire, il a ainsi mis en place des sessions (deux séances par jeu), pendant lesquelles ses élèves se plongent dans l’univers historique d’un jeu numérique. Récemment, dans le cadre d’un cours sur la Première Guerre Mondiale, ses élèves ont ainsi découvert “A l’assaut”.

Conçu par le Musée Canadien de la Guerre, “ce jeu permet de se mettre dans la peau d’un soldat canadien pendant la guerre, notamment dans les tranchées”, indique Olivier Quinet. Cette aventure interactive permet à l’élève de se plonger dans la vie quotidienne des “poilus” sur le front ouest, à la fin de l’automne 1916 – entre l’excitation, le désespoir et l’horreur suscitée par la guerre. “C’est plutôt bien fait. Il y a différentes énigmes, et les élèves doivent réaliser les missions d’un soldat, tandis que des textes décrivent les conditions de vie et la peur qui pouvait régner dans les tranchées”, note Olivier Quinet.

En géographie, l’enseignant utilise aussi le jeu sérieux “Ecoville”, qui aborde de façon ludique les problématiques du développement durable. Dans la lignée du jeu de stratégie “Sim City”, ce jeu développé par l’éditeur Libeo pour l’Ademe (Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Énergie), propose au jeune joueur de construire une ville de 15 000 habitants, en respectant les accords de Kyoto – à savoir la réduction de la pollution, la limitation des émissions de gaz à effet de serre et de la production de déchets. “Ce jeu, au contenu très riche, permet de sensibiliser les élèves à la maîtrise de l’énergie et au respect de l’environnement”, explique le professeur, qui a aussi intégré à ses cours deux autres jeux sur le développement durable : “J’apprends l’Energie”, et “Clim’City”.

Ecoville

Ecoville

Une offre encore « assez limitée »

Pour autant, Olivier Quinet utilise ces jeux sérieux de façon très ponctuelle. “Le problème, surtout en histoire-géo, où les sujets sont variés et très différents, et où il faudrait presque un jeu pour chaque chapitre (les deux guerres mondiales, la décolonisation, la guerre froide, etc.), est qu’il existe peu de jeux totalement adaptés aux situations de classe”, regrette le professeur.

“Je connais une poignée de jeux très intéressants, par exemple en histoire, comme “Construis ta Cité Grecque” (France Télévisions) ou “Vivre au temps des Chateaux Forts” (Réseau Canopé), mais pour l’instant, l’offre est encore assez pauvre, car nous devons nous contenter des jeux gratuits, faute de crédits pour acheter des licences”, ajoute-t-il. L’enseignant aimerait créer ses propres jeux, mais reconnaît en souriant ne pas avoir “les compétences en codage” nécessaires.

S’immerger pour avancer dans l’aventure

En mélangeant vidéos, textes et images, “les jeux sérieux sont très immersifs. Les élèves plongent dedans, ils sont très concentrés quand ils jouent et apprennent bien”, note Olivier Quinet. En tant qu’ancien wargamer, qui “a appris beaucoup de choses sur les armées napoléoniennes en jouant à des jeux de stratégie”, il retrouve le même côté instructif du jeu dans les “serious games”.

“En jouant, l’on peut apprendre de façon très efficace. Mes élèves ont bien plus compris ce qu’était la vie dans les tranchées en jouant à “A l’assaut”, qu’à travers mes explications au tableau. Le jeu rend tout cela bien plus concret”, indique-t-il. Pour avancer dans l’histoire, “ils sont obligés de lire avant d’effectuer une action. Il ne s’agit pas d’un document qu’ils liraient plus ou moins attentivement : pour continuer l’aventure, ils sont réellement obligés de lire les informations proposées”, constate le professeur.

Les jeux sérieux viennent souvent “en appui des choses vues en cours, et leur permet de manipuler l’information”, explique-t-il. Il utilise ainsi les serious games pour “appuyer des choses déjà vues”. Parfois, “en classe, je récolte leurs impressions après le jeu, les différents éléments de connaissances qu’ils ont acquis en jouant, et je rédige un petit paragraphe, utile pour réviser pour le brevet, par exemple”, ajoute l’enseignant. Il note encore : “ils ont tellement travaillé la matière pendant une ou deux heures, que l’acquisition est presque faite en profondeur grâce au jeu.“

Pour Olivier Quinet, “apprendre en s’amusant, c’est possible, sans pour autant faire l’impasse sur l’effort… Même un jeu peut impliquer un effort !” Nous aurons l’occasion de suivre son action pédagogique dans un autre épisode de cette série – car les jeux sérieux ne sont pas uniquement numériques, mais peuvent aussi ressembler à des « jeux de rôle ».

Source : https://www.vousnousils.fr/2015/02/02/jeux-serieux-en-histoire-geo-un-outil-dimmersion-pour-les-eleves-561897